Voeux présidentiels : un clip de campagne déguisé qui trahit la tradition du message d'un homme à un peuple

01/01/2024

Avec des amis, nous avons finalement regardé les vœux du président Macron. Trois adjectifs me viennent : pédants, creux et politiciens.

Pédants parce que derrière le discours grandiloquent et racoleur façon "droite bourrin" qui veut "réarmer" à tout va et placer la "fierté française" partout où elle se trouve et ne se trouve pas, le vocabulaire est limité et les tournures de phrase sont courantes, voire maladroites. Ça sent la rédaction in extremis.

Creux parce que la seule véritable annonce faite pour l'année 2024 est la date précise de la réouverture de Notre-Dame de Paris, le 8 décembre 2024. Le reste du panorama de l'année était déjà connu. J'ai l'impression de revoir les trois fonctionnaires qui ont géré les affaires courantes de la ville du Pré Saint-Gervais le temps que les municipales partielles aient lieu. Pire, il accole à cette faiblesse de vision un bilan dont il ne mesure pas l'impact sur les Français. Pas un mot sur la détresse sociale et matérialiste que traversent nos compatriotes. Pas un mot sur certaines lois positives comme celle réglementant la profession d'influenceur. On a même l'impression que le Macron du 31 décembre 2023, satisfait de la loi Immigration, contredit le Macron de début décembre qui voulait voir le Conseil Constitutionnel retoquer certains articles. En résumé, un bilan dont la présentation paraît abusivement élogieuse et où la notion de nuance brille par son absence.

Politiciens parce que l'on reconnaît, dans les choix évoqués précédemment, un parti en peine face aux intentions de vote du RN aux prochaines européennes. Fierté française à tout va, champ lexical de la guerre, formulations pompeuses et présentation de l'année concentrée sur des réformes s'adressant davantage aux électeurs de droite... Emmanuel Macron a compris qu'après avoir pompé les voix du PS et de LR, son dernier réservoir de voix se trouvait plus à droite. Son principal adversaire aussi. Il ne manque pas de le rappeler, avec son bipartisme entre Ukraine et Russie, une Europe qui avance et une Europe à l'arrêt, l'écologie et l'inaction... Ces vœux constituent ainsi un instrument de campagne qui n'a pas lieu d'être dans une cérémonie officielle entre un président et un peuple. 

Celui qui se targue de restaurer l'unité populaire n'a pas fini de la saccager. Espérons au moins qu'il en est conscient. En attendant, j'ai perdu mon temps devant un clip de campagne non-officiel de la liste Renaissance aux européennes de 2024. Rappelons que la Vème République exige du Président qu'il soit au-dessus des partis : doit-on en déduire qu'Emmanuel Macron est le président le moins gaullien depuis 1958 ?