(Re)Trouver, à gauche, l'universalisme et la protection du Vivant
Le mois dernier se déroulait une élection législative partielle dans l'Ariège, opposant deux visions antinomiques de la gauche. Ce duel avait le mérite de montrer les limites de la NUPES, mais restait incomplet sur le panorama des alternatives à gauche.
D'abord, la députée sortante : LFI-NUPES, l'alliance à gauche étant justement centrée sur le programme de Jean-Luc Mélenchon à la suite du rapport de forces au premier tour de la présidentielle de 2022. On y retrouve : une transformation sociale très avancée, voire caricaturale et hors-sol ; l'écologie et la cause animale à haut niveau ; une opposition à l'énergie nucléaire ; une opposition manifeste à l'universalisme républicain et une présence gênante des questions israélo-palestiniennes ; une remise en cause illégale des traités européens (volonté explicite de désobéir) ; un progressisme sociétal très avancé, voire exagéré ; des positions confuses sur la guerre en Ukraine et sur d'autres sujets de politique étrangère.
En face, une socialiste dissidente, incarnant la gauche ouvertement anti-NUPES (PRG, dissidents socialistes). Ses positions : une transformation sociale existante mais réduite ; un modèle économique productivisme, réduisant considérablement toute volonté de transition écologique et de bien-être animal ; le soutien au nucléaire ; l'universalisme républicain ; un européisme fervent, et même caricatural (eurobéat ?) ; un progressisme sociétal avancé ; des positions atlantistes, pratiquement systématiques et en cela critiquables, sur la politique étrangère. Beaucoup de différences qui justifient une incompatibilité que reconnaissent les deux candidats (sauf chez la France insoumise lorsqu'il s'agit de demander le retrait de l'autre candidate).
Entre les deux, n'oublions pas qu'en 2022, ainsi qu'aux législatives partielles chez les Français de l'étranger, s'est présenté un troisième bloc à gauche, également troisième en nombre de voix : la Fédération de la Gauche Républicaine, dont fait partie la Gauche Républicaine & Socialiste. Transformation sociale ambitieuse, écologie et cause animale encore "sages" à mon sens mais existantes, le soutien au nucléaire, l'universalisme, un euroscepticisme modéré, un progressisme sociétal avancé, des positions pro-Ukraine et pragmatiques, sans alignement systématique sur les États-Unis. Des trois principales coalitions à gauche, la FGR est la plus à même de concilier universalisme et protection du Vivant, même si j'attends et espère des efforts supplémentaires. C'est dans ce but que j'ai adhéré personnellement à la Gauche Républicaine et Socialiste ; certains de ses cadres sont demandeurs d'une prise en compte ambitieuse de la cause animale et je m'en réjouis. Par ailleurs, ce projet est le plus à même de servir de trait d'union pour ceux (dont je ne suis certainement pas) qui souhaiteraient une union rigoureuse de toute la gauche.
Cette multiplicité de la gauche confirme par ailleurs une autre chose, au-delà des causes que je défends ; le Parti socialiste a toutes les dispositions idéologiques pour redevenir central à gauche, car il regroupe des représentants de chaque tendance. Les "fauristes" pour la NUPES, les équipes Geoffroy et Mayer-Rossignol pour la gauche anti-NUPES, et quelques figures intéressantes comme Philippe Brun pour la gauche non-NUPES. Dans une situation où la succession de Jean-Luc Mélenchon pose question, où la France insoumise est davantage un tremplin qu'un parti (avec son héritage, son école de pensée et sa capacité à créer des personnalités), le PS, mais aussi le PCF, disposent d'une longueur d'avance.
(Je précise que la droite fera l'objet de la même réflexion. L'idée de m'enfermer dans un bord politique quel qu'il soit et de jeter tous les autres œufs dans le même panier m'irrite ; comme militant d'idées, je souhaite que ces dernières puissent gagner du terrain sur l'ensemble du spectre politique. N'en déplaise à ceux qui se sont donnés pour mission de taper sur Hugo Clément depuis quelques jours. Par ailleurs, le MHAN est né à droite et ne s'en cache pas.)