L'abolition de la corrida : pas aujourd'hui, mais bientôt.
Nous l'apprenons donc.
Aymeric Caron, sous le poids de 800 amendements pour un simple article législatif, a été contraint de retirer sa proposition de loi pour interdire la corrida. Cette multiplication d'amendements similaires et contraires à toute posture constructive, est révélatrice de ce qu'est devenue la première institution représentative de la Cinquième République : un réservoir à trolls, une chambre à air, un circuit sous vide...
Attachés au prestige des institutions et aux fondamentaux de la République gaullienne, nous ne pouvons que nous attrister de la persistence de ce spectacle pathétique. La NUPES n'est d'ailleurs, elle non plus, pas exemptable de reproches en la matière.
Pour autant, nous ne tirons pas un bilan négatif de cet épisode parlementaire. Au contraire, il a été une pierre de plus sur l'édifice de la dignité animale, une démarche utile qui nous rapproche encore davantage de l'abolition effective d'une pratique qui déshonore la Nation toute entière.
D'abord, nous tenons à saluer le courage d'Aymeric Caron, qui a porté sur son nom un combat majoritaire en s'attirant toutes les embûches de ses obscurantistes opposants. Ces derniers se sont contentés des rapprochements bas de plafond entre, citons, Aymeric Caron, "les moustiques", "la NUPES marché de dupes", "les mangeurs de graines", les "éco-terroristes", EELV, LFI, Sandrine Rousseau, "la décroissance", "le gauchisme" et la "cancel culture". Tout autant d'expressions qui permettent de blanchir (à défaut de briller) quelques secondes dans quelques lignes d'articles de presse, tout en évitant sciemment le sujet d'une pratique barbare qui n'a de tradition française que le nom, et certainement pas le prestige. Face à des agitateurs du même niveau politique que l'émission Touche Pas à mon Poste, Aymeric Caron s'est battu comme un lion, et a su préserver un nécessaire esprit d'intérêt général.
Ensuite, nous attirons l'attention de nos lecteurs sur les figures d'autres bords politiques qui ont affiché leur soutien clair et net à la proposition de loi. Emmanuel Pellerin et Laëtitia Romeiro Dias (Renaissance), Benoît Bordat (Fédération Progressiste), Éric Diard (LR), Anne-Sophie Frigout ou encore Julien Odoul (RN). Plus éloigné du débat parlementaire, David Lisnard (président LR de l'Association des Maires de France) déclarait sur France inter cette semaine qu'il ne comprenait pas que l'on puisse ériger en tradition le meurtre d'un animal. Quelque soit leur bord politique, nous les remercions pour leur démarche d'ouverture. Dans un contexte où soutenir la proposition de loi d'Aymeric Caron pouvait conduire à un rapprochement bas de gamme avec sa personne et ses autres idées, ils ont confirmé que l'interdiction de la corrida est au-dessus de tout clivage politique, et qu'il en va d'une certaine idée de la grandeur de la France à laquelle nous sommes tous attachés.
Nous en sommes convaincus, nous gagnons du terrain. La victoire est à portée de main, et nous, MHAN, nous attacherons à susciter son arrivée le plus tôt possible.
Le Bureau du MHAN