La mort d'Alexei Navalny, ou le questionnement légitime du traitement des opposants politiques par le régime russe

18/02/2024

Nous avons appris hier le décès d'Alexei Navalny, opposant politique reconnu du président russe Vladimir Poutine... sans aucune information sur la cause du décès. Un mode de communication qui interroge sur les méthodes du régime russe.

Un opposant radical aux idées radicales

Les Universalistes se sont toujours gardés de soutenir publiquement M. Navalny en raison de sa ligne et de son passé politique. En effet, il s'était illustré à la fin des années 2000 par son engagement dans les milieux ultra-nationalistes russes, et avait basé sa campagne municipale de 2013 à Moscou sur un discours violemment anti-immigrés, qu'il comparait trivialement à des "délinquants". Bien qu'il a affirmé avoir abandonné ces idéaux pour une ligne progressiste en prévision de la campagne présidentielle de 2018, les Universalistes ont pu trouver hâtive la manière dont les milieux démocrates européens ont semblé se jeter dans les bras de Navalny, comme si tout opposant était bon à prendre. En effet, le remplacement de César par Brutus n'a pas mis fin à l'empire romain...

Le régime russe, une démocratie volée

Ce qui a rendu Navalny populaire, c'est l'ensemble de ses campagnes dénonçant la corruption généralisée des présidences successives de Poutine et des gouvernements correspondants. Corruption sur le plan financier, mais aussi sur le plan démocratique. Bien que des élections sont tenues et organisées, la sincérité de ces dernières est interrogée pour des raisons de fond. Le candidat d'extrême droite Sloutski est présenté, dans un opus de Complément d'Enquête, comme un relais régulier entre des élus français et la Russie. Le seul nouveau parti à présenter un candidat à la prochaine présidentielle est soupçonné par l'entourage de Navalny d'être une manœuvre du clan Poutine en vue de s'accaparer les voix de l'opposition, car son dirigeant est membre d'organisations non-gouvernementales tenues par des proches du président russe, voire par Poutine lui-même. Seuls les candidats disposant de parlementaires à la Douma d'État sont dispensés de signatures, et parmi les candidats recalés, la Commission Électorale Russe ne donne pas toujours d'explication au refus des candidatures des concernés...

Des procédures judiciaires "à visée politique"

Outre les graves soupçons de corruption et le caractère démocratique contestable du régime russe, c'est plus généralement le traitement des opposants politiques qui fait régulièrement débat. Une grande partie des affaires touchant Navalny ont attrait à des privations de liberté et à des limitations de présence sur le territoire que l'opposant n'avait prétendument pas respectées, ou à une appréciation de "terroriste" que les organisations internationales estiment "surévaluée". Aujourd'hui, aucune autorité publique, pas même russe, n'est en mesure d'expliquer la mort de Navalny. Sa famille, s'étant rendue sur les lieux, a obtenu un certificat confirmant son décès, mais aucun accès au corps du défunt ne lui a été permis.

C'est précisément pour éviter l'installation de ce type de régime que nous soutenons ardemment les démocraties à travers le monde, et avant même les démocraties, le droit inaliénable des peuples à disposer d'eux-mêmes. Notre soutien à l'Ukraine s'explique jusque dans l'article 5 de notre constitution actuelle : comme le Président de la République doit les garantir pour la France, nous souhaitons à l'Ukraine que soient garantis son indépendance nationale, l'intégrité de son territoire et le respect des traités dans lesquels elle est engagée.