Gouvernement Barnier : sortir par le haut d'une année semée d'embûches

04/10/2024

À la lumière de la composition du gouvernement Barnier et du discours de politique générale prononcé cette semaine, nous estimons que malgré une feuille de route resserrée sur les principaux enjeux, nous devons donner une chance à la France de se redresser.

Deux dettes, cinq chantiers

Le discours prononcé par le Premier ministre a listé cinq chantiers (pouvoir d'achat, services publics, sécurité, immigration, fraternité) afin de résorber deux dettes (économique et écologique). Nous sommes évidemment sensibles aux sujets qui ont été délaissés. La cause animale, les conditions d'exercice du travail, la culture en tant que telle sont aux abonnés absents. La démocratie reste limitée à la proportionnelle aux élections législatives, et la politique d'emploi se cantonne à une vision nationale, indépendamment des spécificités territoriales.

Nous saluons cependant un discours pertinent et prometteur sur les enjeux environnementaux, une volonté affichée d'aller dans la direction de l'actionnariat salarié et de la participation, un discours volontaire et sans idéologie sur les enjeux essentiels d'ordre public et d'unité populaire. Par ailleurs, au vu de la délicatesse de la période et de l'épée de Damoclès volant au-dessus du gouvernement, il est préférable d'entendre un projet limité mais respecté, plutôt qu'une déclaration transversale dont rien ne sera appliqué.

Une équipe gouvernementale mitigée

Pour appliquer ce projet, une équipe gouvernementale majoritairement centriste, dans laquelle figurent 12 LR et apparentés. Un équilibre qui correspond objectivement à la plus grande majorité parlementaire possible à l'Assemblée, et qui permet une large majorité absolue au Sénat. Les domaines économiques disposent d'un grand nombre de représentants, autant de personnes auxquelles nous pourrons soulever des améliorations de l'adaptation de l'économie aux limites planétaires et du Vivant. Par ailleurs, l'équipe gouvernementale se fait moins parisienne que les précédentes, ce qui permettra peut-être de limiter la fracture territoriale constatée dans les urnes depuis l'entrée en fonction d'Emmanuel Macron.

Cependant, la reconnaissance institutionnelle de l'écologie se voit fortement diminuée et recentrée sur la question énergétique. Qui appliquera concrètement le discours prometteur que nous avons entendu en ce début de semaine ? Le volontarisme du Premier ministre sera décisif. Quant à la cause animale, non seulement elle ne dispose d'aucune incarnation (même pas une délégation interministérielle, le dispositif le plus approprié avec un tel gouvernement), mais en plus, elle reste reliée au Ministère de l'Agriculture, dont le passé politique de la titulaire en la matière a de quoi inquiéter sérieusement.

Contrairement à certaines oppositions, nous ne ferons pas le procès aux ministres et secrétaires d'État de leurs opinions lorsque celles-ci sortent du cadre de leur portefeuille. Le moment politique exige une hauteur de vue et nous jugerons le gouvernement sur ses actes.

Un cadre parlementaire qui autorise l'espoir

Cette équipe signifie que notre premier allié sera le Premier ministre lui-même. D'abord, parce qu'il incarne ces rares profils chez les Républicains à maîtriser les questions environnementales et à disposer d'un bilan positif en la matière. Ensuite, parce qu'il a clairement annoncé qu'il légiférera moins, afin de laisser une meilleure autonomie au Parlement, jusqu'à encourager l'émergence de textes transpartisans. C'est bien là une bonne nouvelle pour nos combats. Ce que les ministres nous permettront pas d'obtenir, nous tenterons de l'inscrire à l'agenda du Palais Bourbon en rencontrant nos députés. Espérons que les positionnements des uns comme des autres ne se limiteront pas à des réactions dogmatiques...

Nous serons volontaires pour combler les manques

Face aux manquements évoqués dans les paragraphes précédents, nous prendrons nos responsabilités. Le soutien à une censure du gouvernement correspondrait au refuge de la facilité, alors que nous sommes au bord du précipice. Par ailleurs, la presse a plusieurs fois annoncé la capabilité du président Macron à recourir à l'Article 16, figeant toute possibilité de contradiction ou d'amélioration. Nous sommes déjà soulagés de voir la présence de M. Macron effacée par le volontarisme de M. Barnier, alors ne la réactivons pas ! Notre action consistera donc à sensibiliser, rencontrer, convaincre nos dirigeants afin que la feuille de route du gouvernement, convaincante sur les sujets qu'elle aborde, soit sertie des autres thématiques qui nous sont chères et qui nous semblent à minima complémentaires, sinon essentielles.