Fonds Marianne et Lang-Rousseau : rend l'argent ?

31/05/2023

Alors qu'éclate la polémique sur la gestion du Fonds Marianne, pour des raisons objectives et objectivement légitimes, l'association Reconstruire le Commun est dans le viseur d'un article de Mediapart (malgré l'absence de toute mention de la part du premier article publié par Marianne, sans lequel celui de Mediapart n'aurait pas existé).

Je n'ai jamais caché ma sympathie et ma solidarité pour Reconstruire le Commun ; mon nom apparaissait même sur son site internet. C'est une association avec un objectif clair : porter aux 18-30 ans le discours républicain de manière positive, entre vulgarisation, documents de fond et divertinfo (je n'aime pas "infotainment"...).

Lorsque la commission des finances du Sénat s'est constituée en commission d'enquête, exécutant un travail de fond remarquable, la présidente de Reconstruire le Commun, mon amie Ahlam Menouni, a été auditionné, et c'est à mon sens l'intervention la plus sincère et la plus réussie parmi toutes celles s'étant déroulées dans le cadre de la commission d'enquête.

Le Sénat établira d'ailleurs très clairement :
- la qualité des contenus réalisés
- la réussite de certaines de nos vidéos dans la rencontre de leur public
- que strictement rien ne permet d'évoquer une quelconque influence des publications de Reconstruire le Commun sur quelque élection que ce soit, tout particulièrement l'élection présidentielle.
- que la gestion de l'association est rigoureuse et maîtrisée
- que chaque somme versée par l'association correspond à un travail réel et un contenu réel.
Seuls deux reproches sont maintenus :
- la jeunesse de l'association ou plutôt l'absence de passé au moment de candidater au Fonds Marianne. Eh bien c'est simple. Nous avons candidaté parce que nous voulions agir et notre motivation était débordante. Sans doute le CIPDR aurait dû rejeter notre dossier. Cela pouvant être appuyé, la décision aurait été légitime. Il ne l'a pas fait, et ce n'est pas notre décision. Nous ne pouvons pas être critiqués pour une décision qu'une instance de l'État a prise sans la moindre influence de notre part. Nous sommes membres de Reconstruire le Commun, pas du CIPDR.
- la présence d'une émission "café du commerce". Eh bien oui. C'était dans le projet présenté au CIPDR et rigoureusement chiffré. Cette émission n'avait rien d'une surprise, et par l'approbation de notre candidature, nous avons estimé que le CIPDR nous autorisait à la faire, et même puisqu'il était question d'argent public, de garantir le fait que les subventions soient dépensées conformément au projet. Reconstruire le Commun a, jusqu'au bout, respecté ses engagements vis-à-vis de l'État, sans prendre de libertés compromettantes ni au contraire suivre quelque consigne annexe que ce soit.

Alors Aloïs, tu as touché combien dans cette histoire ?
Rien du tout, relevés de compte à l'appui ! La gestion de l'association démontre clairement qu'aucun membre de l'association n'était prestataire, et qu'aucun prestataire n'était membre. J'étais membre de l'association, donc bénévole. Pendant cette période, je payais déjà une partie de mon loyer en travaillant pour un youtubeur, qui lui n'était lié en aucune manière à quelque argent public que ce soit.

Alors Aloïs, tu valides ces gens qui ont tagué la mosquée de Pantin ?
Non, parce que strictement personne dans l'association n'était au courant ! Les articles, notamment du Parisien, qui en faisaient état à l'époque, n'évoquaient aucun nom, ce qui ne nous permet pas de savoir. Après, reprenons le sujet pour en parler convenablement, sans influence et sur la seule base des faits. Je condamne l'action du tag, qui est débile, puérile, insultante et stigmatisante, et par la même islamophobe, quelque soient les propos tenus. Je lis en revanche les propos, indépendamment de tout mode d'écriture ; ceux-ci ne sont pas islamophobes. Celui qui a fait débat consistait (il n'a pas été terminé) à écrire : "islamisme = fascisme". C'est exactement mon avis. L'Islam est une religion, on la pratique ou on ne la pratique pas, la France garantit la liberté de croire ou ne pas croire. L'islamisme, c'est l'ensemble des doctrines politiques - et je dis bien : politiques - visant à agrandir l'influence de la religion islamique sur la société, souvent au mépris des autres citoyens appelés "mécréants". Tout comme l'intégrisme catholique et le Likoudisme, que j'assimile eux aussi à des fascismes - il n'y a aucune raison pour que ce ne soit que l'islamisme qui prenne. Mon positionnement est donc clair : je condamne fermement les tags, mais les mêmes mots sur un bout de papier ou un coin de site internet ou réseau social n'auraient rien de choquant.

Alors Aloïs, le Printemps Républicain, ce sont tes copains ?
Quelle blague, je ne les connais pas. C'est comme le PCF, EELV, Renaissance et les LR : je connais des militants, et je m'entends bien humainement avec eux y compris sur certaines idées respectivement, mais je n'ai eu aucun contact avec les équipes dirigeantes. Ce que je reproche plus généralement à certains membres du PR est leur gestion puérile des réseaux sociaux tant au titre du parti qu'à titre individuel. Cela ne m'empêche pas d'apprécier, et même de bien m'entendre avec d'autres membres (d'ailleurs une bonne partie d'entre eux ont quitté le navire car ils ne voulaient pas soutenir Macron), tout comme je dîne avec des LR et bois des coups avec des communistes. Je refuse cette vision solitaire et sectaire de la politique qui consisterait à n'approcher ni de près ni de loin ni dans la sphère privée des militants de partis différents voire adverses.

Et enfin, plus généralement, la gestion du Fonds Marianne, qu'en penses-tu ?
Aïe aïe aïe... Je suis exactement de l'avis de la commission d'enquête sénatoriale quand elle diagnostique une absence totale d'accompagnement et d'encadrement du projet par la ministre et ses équipes. C'est dans la ligne droite (sans ou avec jeu de mots, c'est vous qui voyez) du macronisme : un coup de com' pour dire qu'on agit, puis on ne fait plus rien et on laisse faire les dérives les plus odieuses à partir des subventions. L'USEPPM a fait n'importe quoi, ou plutôt n'a presque rien fait pour le montant perçu. Je ne suis évidemment pas solidaire de leur démarche, dont je n'avais jamais entendu parler, seulement le compte iLaïc que j'ai vu cinq fois à tout casser. Est-ce qu'il y a du copinage derrière ? Peut-être. Il me semble que la justice n'a pas fini d'examiner le dossier, laissons-la au travail. Du côté de Reconstruire le Commun, l'amitié que certains prêtaient entre mon ami Johann Margulies et Marlène Schiappa est bien évidemment fausse, et les éléments allant dans ce sens ne manquent pas. L'article de Mediapart paraît d'ailleurs presque complotiste à certains égards, en frisant des sujets aussi légers sans oser les affirmations franches, comme si l'objectif était de salir à tout prix (qui est surpris ?). J'ai honte de savoir que nous avons été sélectionné sur des critères aussi peu établis et aurais mille fois préféré que nous parvenions à trouver les fonds privés étudiés à l'époque, de manière à agir concrètement et plus longtemps. Aujourd'hui, la présidente de l'association est dégoûtée et a jeté l'éponge. J'en veux au CIPDR, j'en veux à M. Gravel et Mme Schiappa. Mais je n'abandonne pas. Je reste fervent défenseur du cadre républicain positif dans lequel l'unité populaire est possible. Aujourd'hui, je porte cet engagement au travers du parti que j'ai l'honneur de présider, Les Universalistes, qui se bat pour un peuple uni et le Vivant réuni.

Je vous laisse sur un article de CheckNews, qui sans adopter notre point de vue, rétablit efficacement un bon nombre de faits, et une interview d'Ahlam Menouni par Marianne.