Censurer le gouvernement pour le replacer face au réel : le MHAN soutient la motion de censure du groupe LIOT sur la réforme des retraites
Emmanuel Macron a avoué.
Emmanuel Macron a avoué que même au sein de l'Assemblée nationale, il ne pouvait garantir une majorité de voix à cette réforme des retraites qui sature le débat politique telle une poche d'eau se solidifiant dans la fêlure d'un rocher.
Son aveu réside dans l'usage, une nouvelle fois soigneusement économisée, de l'Article 49 alinéa 3 de la Constitution. Article déjà utilisé pour sa première tentative de réforme des retraites en 2020, et avant lui, par Manuel Valls en 2016 pour la scélérate Loi El Komri. Article longtemps passé sous les radars et évoqué par les seuls connaisseurs, qu'une succession de réformes impopulaires et injustes ont révélé au grand jour.
Nous avons deux raisons de maintenir notre opposition la plus ferme à la réforme des retraites. La première, sur le fond, est son injustice car elle cible, une fois de plus, les populations les moins favorisées. La seconde, sur la forme, découle de la brutalité et de la multiplication des procédures d'asphyxie du débat parlementaire, les unes s'enchaînant aux autres, rendant ce texte illégitime au sein même du Parlement. Que la Constitution dispose d'outils pour contenir des blocages stériles manifestes, nous le comprenons. Que ceux-ci soient utilisés à tour de bras jusqu'à devenir le moyen usuel de légiférer, est à nos yeux inacceptable. Cela ne correspond aucunement à l'idée que nous nous faisons de la Constitution de la Vème République, aujourd'hui dévoyée par de multiples entorses éhontées.
En face, l'opposition semble avoir mis de côté ses invectives stériles et binaires entre NUPES d'un côté et RN de l'autre. Le groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) a initié une motion de censure transpartisane, incitant la gauche à renoncer à la sienne. Il est prévu qu'une grande majorité des groupes d'opposition y prennent part. Malgré les menaces du président Ciotti, des députés Les Républicains seraient tentés de la voter également. Fabien di Filippo (député de Moselle, proche de Laurent Wauquiez) et Ian Boucard (député de Belfort, proche d'Aurélien Pradié) ont déjà indiqué en faire partie.
Nous soutenons cette motion de censure et souhaitons sa réussite, afin de replacer l'exécutif face au réel qu'ils ont nié pendant bientôt un quart d'année, sinon davantage.
Le Bureau du MHAN