(Marianne) Ingérence russe au Parlement européen : la justice française saisie d’une plainte de Yann Wehrling

17/04/2024

Une plainte pour corruption d'eurodéputés vient d'être transmise au Parquet National Financier (PNF) dans la lignée des enquêtes menées, en Belgique, sur les dessous du Qatargate. Son dépositaire est Yann Wehrling, tête de liste Écologie Positive et Territoires aux élections européennes.

Après le Qatar, la Russie. Le Parlement européen est manifestement très prisé des agents d'influence et la justice française pourrait bien ouvrir le dossier. Jusqu'à présent, seule la justice belge enquête, en charge notamment des investigations sur le scandale du Qatargate qui a éclaté en décembre 2022. Or, si le gros du travail parlementaire est effectué à Bruxelles, le Parlement européen siège officiellement à Strasbourg. Et la justice française a tout son rôle à jouer sur le sujet.

C'est bien l'enjeu de la plainte pour corruption présumée d'eurodéputés adressée ce lundi 15 avril au Parquet National Financier (PNF) par Yann Wehrling, cet ancien ambassadeur de France délégué à l'environnement (2018-2021) qui mène la liste Ecologie positive et territoires pour les élections européennes de juin prochain.

La France au centre des investigations

« Les services de renseignement tchèques ont mis au jour un "réseau [d'influence] financé et orchestré par Moscou qui répandait la propagande prorusse sur l'Ukraine via le site Voice of Europe" », souligne la plainte adressée au PNF. Elle précise que « Les services de renseignement belges révélaient à leur tour que des eurodéputés "avaient touché de l'argent" dans ce cadre pour relayer les messages de la Russie ».

Et ajoute : «S'il n'est pas avéré que les paiements aient été réalisés en France, en revanche, la contrepartie de la corruption, à savoir, les actes d'influence, se sont bien déroulés en France, plus précisément à Strasbourg, siège du Parlement européen, où les sessions se déroulent principalement ».

Et le parquet européen dans tout ça ?

Cette plainte s'inscrit dans la lignée de l'enquête ouverte par le parquet fédéral belge le 12 avril dernier, visant des faits de corruption présumée d'eurodéputés après l'identification par les services tchèques d'un réseau d'influence financé par Moscou.

La corruption d'eurodéputés figure d'ailleurs au menu des discussions organisées mercredi 17 et jeudi 18 avril au cours d'un sommet des dirigeants des Vingt-Sept à Bruxelles. Outre le fond de l'affaire et l'éventuelle réponse diplomatique, les Vingt-Sept devraient également se pencher sur les détails plus techniques de la réponse judiciaire. Et trancher : cette affaire relève-t-elle du nouveau Parquet européen, instauré en 2021 ?

Le ministre belge compte bien mettre le sujet sur la table: « Nous devons examiner si les mandats actuels du Parquet européen et de l'OLAF (office européen de lutte contre la fraude) permettent de s'attaquer à cette menace russe. Si ce n'était pas le cas, nous devrions élargir ces mandats », a précisé le Premier ministre belge Alexander De Croo auprès de l'AFP, alors qu'il confirmait l'ouverture de l'enquête menée outre-quiévrain.